Malaise dans l'univers "cités"
La participation croissante des lycéens des banlieues aux manifestations anti-CPE n'est pas vraiment une surprise pour les élus des « cités ». Au contraire, analyse Stéphane Troussel, maire adjoint PS de La Courneuve, « ce sont les jeunes de nos quartiers qui vont se taper les dérogations pour le travail de nuit à 15 ans, qui vont avoir l'apprentissage à 14 ans, et qui connaissent la discrimination à l'embauche. Ils savent que le CPE, c'est pour eux ».
Intuitions sans doute confortées par les propos de maires comme l'UMP Pierre Cardo (Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines), qui défend le contrat, dans « Le Monde » (28/3), avec cet argument un rien cynique : « La précarité est déjà une réalité pour les jeunes des cités. » Sur quoi le sarkozyste Yves Jégo (Montereau, en Seine-et-Marne) renchérit: « Pour les 300 jeunes sans qualification de ma commune, le CPE peut être une formule pour s'en. sortir. »
En novembre, la colère était venue des cités : cette fois, elle part des lycées. Ce qui permet à un proche de Didier Paillard, maire PC de Saint-Denis, de dédramatiser ainsi la situation : « Si quelques voitures (parmi lesquelles des épaves) ont effectivement brûlé devant des lycées, c'est que certains des auteurs cherchaient à obtenir la fermeture de l'établissement... pour ne pas avoir à figurer sur la liste des absents » transmise à leur famille ! Attendrissant...
Certains des casseurs des Invalides, à la fin de la manif du 23 mars, venaient pourtant des bahuts de l'Essonne, des Yvelines et du « 9-3 ». Et le 24 mars, en marge d'un défilé anti-CPE à Saint-Denis, 20 à 30 collégiens et lycéens ont pillé ou dégradé une demi-douzaine de magasins de la ville. Selon un policier des RG du département, les « individus » vraiment dangereux ne représentent que 1 % des jeunes. Mais l'embêtant, c'est qu'ils peuvent en entraîner dix fois plus avec eux.
Maire de Bondy, commune rudement touchée en novembre, le socialiste Gilbert Roger n'observe pas de tension particulière. Mais une recrudescence des vols avec violence, « comme si les émeutes avaient désinhibé de la peur d'agresser l'autre ». On est loin du CPE...
Claude Dilain, son collègue PS de Clichy-sous-Bois, a, pour sa part, mis « sur le pied de guerre - de paix plutôt - tous les médiateurs ». Instruit par l'expérience, il ajoute : « Une fois de plus, on risque d'assister à des violences, et les médias opposeront les gentils lycéens et étudiants aux méchants casseurs des cités sans rappeler que l'écrasante majorité aspire au calme. » Et il lui faudra se débrouiller « avec les mêmes moyens qu'en octobre ». Comme si, depuis, le gouvernement n'avait pas mis le paquet pour améliorer la situation.
source: Jean-François Julliard - Le Canard enchaîné Mercredi 29 mars 2006
Intuitions sans doute confortées par les propos de maires comme l'UMP Pierre Cardo (Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines), qui défend le contrat, dans « Le Monde » (28/3), avec cet argument un rien cynique : « La précarité est déjà une réalité pour les jeunes des cités. » Sur quoi le sarkozyste Yves Jégo (Montereau, en Seine-et-Marne) renchérit: « Pour les 300 jeunes sans qualification de ma commune, le CPE peut être une formule pour s'en. sortir. »
En novembre, la colère était venue des cités : cette fois, elle part des lycées. Ce qui permet à un proche de Didier Paillard, maire PC de Saint-Denis, de dédramatiser ainsi la situation : « Si quelques voitures (parmi lesquelles des épaves) ont effectivement brûlé devant des lycées, c'est que certains des auteurs cherchaient à obtenir la fermeture de l'établissement... pour ne pas avoir à figurer sur la liste des absents » transmise à leur famille ! Attendrissant...
Certains des casseurs des Invalides, à la fin de la manif du 23 mars, venaient pourtant des bahuts de l'Essonne, des Yvelines et du « 9-3 ». Et le 24 mars, en marge d'un défilé anti-CPE à Saint-Denis, 20 à 30 collégiens et lycéens ont pillé ou dégradé une demi-douzaine de magasins de la ville. Selon un policier des RG du département, les « individus » vraiment dangereux ne représentent que 1 % des jeunes. Mais l'embêtant, c'est qu'ils peuvent en entraîner dix fois plus avec eux.
Maire de Bondy, commune rudement touchée en novembre, le socialiste Gilbert Roger n'observe pas de tension particulière. Mais une recrudescence des vols avec violence, « comme si les émeutes avaient désinhibé de la peur d'agresser l'autre ». On est loin du CPE...
Claude Dilain, son collègue PS de Clichy-sous-Bois, a, pour sa part, mis « sur le pied de guerre - de paix plutôt - tous les médiateurs ». Instruit par l'expérience, il ajoute : « Une fois de plus, on risque d'assister à des violences, et les médias opposeront les gentils lycéens et étudiants aux méchants casseurs des cités sans rappeler que l'écrasante majorité aspire au calme. » Et il lui faudra se débrouiller « avec les mêmes moyens qu'en octobre ». Comme si, depuis, le gouvernement n'avait pas mis le paquet pour améliorer la situation.
source: Jean-François Julliard - Le Canard enchaîné Mercredi 29 mars 2006
<< Home