13.2.06

Après l'ère industrielle, rien ...

L'ère industrielle est entrée dans sa phase critique. Le processus de diminution progressive est déjà bien entamé en 2005, et dans quelques années l'ère industrielle va s'arrêter. L'humanité n'a jamais connu pareille situation, l'ère industrielle a troublé profondément le processus humain, et il n'est pas certain cette fois que nous pourrons rétablir la situation. La menace qui pèse sur les approvisionnements énergétiques condamne irrémédiablement les infrastructures industrielles existantes et les activités industrielles qui en découlent. Personne ne peut ignorer que les ressources énergétiques primaires arrivent à épuisement, c'est une question de quelques années, tout au plus, et en même temps, ces mêmes ressources vont voir leur prix de revient augmenter dramatiquement, conséquence de leur raréfaction face à une demande qui s'accroît chaque jour. Nous vivons dans un monde où tout découle intimement de ce qui se produit de manière industrielle. Du fait de l'organisation industrielle mondiale, un minuscule changement d'un paramètre primaire (comme le prix du pétrole par exemple) a des conséquences incalculables sur une quantité de choses. Le dernier souffle industriel viendra d'Asie, et plus particulièrement de la Chine, pendant ce temps là, les deux autres puissances, l'Amérique et l'Europe éprouveront d'insupportables difficultés à contenir leurs industries, les emplois de leurs industries, sans parler bien sûr des innombrables activités indirectement liées à leurs industries. N'évoquons même pas la situation de l'Afrique qui sombre. Après celà, plus rien. L'ère industrielle est apparue subitement, au début du XIXème siècle, dans une sorte d'émulation de technologies naissantes, de nouvelles possibilités économiques induites qui semblaient alors plutôt simples à mettre en oeuvre à l'échelle humaine, telle une euphorie enthousiaste, mais qui n'a profité en réalité qu'à deux ou trois grandes puissances. Depuis toujours, ceux qui font l'industrie savent qu'elle ne sera pas éternelle. Aujourd'hui, cette "bulle spéculative enthousiaste" est déjà largement dégonflée d'un point de vue de sa dynamique et de ses perspectives, certes les activités économiques industrielles semblent encore présentes, mais sont déjà largement délocalisées vers des zones géographiques économiquement plus avantageuses, au détriment de quantité de choses. Une fois les ressources locales consommées, il n'y aura ensuite plus d'endroit où déporter la charge industrielle. Le continent africain ne pourra pas être utilisé comme l'aura été le continent asiatique du fait de son manque d'infrastructure, de son manque de préparation. La progression de la déconfiture de l'ère industrielle ira crescendo, dans un mouvement planétaire gigantesque et spectaculaire, hors de contrôle. Ce sont une quantité de paramètres qui se croiseront, se percuteront, et se répercuteront les uns aux autres. Peu d'économistes peuvent avoir une idée précise de ce à quoi il faut s'attendre, d'ailleurs un économiste seul enfermé dans ses analyses économiques ne peut pas prendre la pleine mesure de l'évènement mécanique qui se produit dans sa terrible complexité. Des notions bien plus élargies que simplement économiques doivent être prises en compte face à l'immensité du problème, elles incluent des aspects politiques, géopolitiques, sociologiques, humanitaires, sécuritaires, énergétiques, environnementaux et même plus curieusement religieux ou nouvellement climatiques. Le monde d'aujourd'hui renferme plus de 6 milliards d'être humains, dont les problèmes individuels augmenteront selon un schéma mécanique facile à comprendre, qui est bien entendu fonction de la problématique globale qui les impactera dans leur vie. La plupart des organisations gouvernementales ignorent ces faits dans leur gestion, ces mêmes organisations qui dirigent le monde et les peuples vont faire face au plus inextricable problème jamais connu sur Terre par l'espèce humaine. Nous devrons probablement connaître des situations aussi horribles que des épisodes chaotiques meurtriers, guerriers, terroristes mêmes dans lesquels culmineront famines, épidémies et autres évènements dramatiques, y compris bien sûr et surtout dans des pays civilisés. Bien avant l'épuisement des énergies essentielles, il sera déjà trop tard. Pour ma part, dans un réalisme contenu, j'exprime déjà souvent le fait que nous ayons déjà franchi le seuil de non retournement, point au delà duquel quoi que nous pourrions mettre en oeuvre, il est déjà trop tard. Bien qu'à priori il n'y ait pas de cause à effet qui sonne l'évidence, le 11 septembre 2001 pourrait bien être ce point de non retournement tel que je le décris. Dès maintenant, et beaucoup plus dans un avenir proche, la vie de chacun d'entre nous va changer en profondeur, très rapidement. Ceux qui affirment que la situation ne se dégrade pas ne prennent pas en compte une large quantité de paramètres, leur esprit d'analyse ne leur permet pas de prendre une pleine mesure de la gravité du problème. Nous vivons dans des pays où tout est présent en abondance, nos besoins primitifs sont largement comblés, ils consistent à pouvoir se nourrir, et vivre à température ambiante contrôlée. Les industries remplissent largement leur rôle qui consiste à nourrir les peuples et à leur assurer les conditions de vie élémentaires viables. Lorsque les énergies primaires viendront à manquer et/ou que leur coût ne permettra plus leur rentabilité, les industries, telles des dominos, tomberont en cascade à une vitesse jamais envisagée, que j'estime à une dizaine d'années tout au plus. Les conditions de vie seront alors catastrophiquement compromises. Chaque individu sera alors concerné directement. Rien qu'en Europe, comment faire déplacer quotidiennement des dizaines de millions de personnes qui doivent se rendre à leur travail à un niveau de coût acceptable, comment leur assurer un travail rentable, comment nourrir ces gens en leur portant leur nourriture jusqu'à chez eux comme c'est presque le cas aujourd'hui, comment occuper ces gens, comment faire des choses aussi simples que les chauffer en hiver, et les refroidir en été? Ce ne sont que quelques exemples pour évoquer les problèmes qui vont se poser à nous très vite et qui demanderont une réponse adaptée presque immédiate également. Des centaines de millions d'individus qui ont faim, qui ont froid, qui n'ont pas les ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins, ne serait-ce que financières, ou pire qui ont l'argent mais qui ne peuvent pas s'en servir ne pourront pas être contenus au calme simplement par des bonnes paroles. Des conflits seront inévitables et prendront des formes jamais envisagées. Les gouvernements ne mesurent pas la fragilité de leurs états. Aucun pays aujourd'hui peut se prévaloir d'un grand confort face aux crises à venir, tous les pays sont désormais devenus très sensibles à des changements économiques tels que ceux qui s'imposent à nous et qui donnent pourtant des signaux alarmants. L'ère industrielle ne nous a pas préparé à ce qui arrive, bien au contraire, elle nous a tous endormi. Avant l'ère industrielle, les groupes d'humains disposaient de leurs propres moyens de suffisance, ils étaient artisans ou paysans, ils étaient présents partout, et ce modèle a été supprimé purement et simplement au profit d'un modèle global centralisateur. L'humanité n'a jamais connu pareille situation, l'ère industrielle a troublé profondément le processus humain, et il n'est pas certain cette fois que nous pourrons rétablir la situation, en effet, il existe des situations faces auxquelles nous ne pouvons rien. Quand je dis celà, je veux dire que nous ne pourrons pas sauver 6 milliards d'humains. Nous pourrions peut-être en sauvegarder 2 milliards sur une période de quelques décennies, en espérant qu'ils pourront remettre sur pied un modèle viable. Mais je me garde bien de dire que ces 2 milliards d'humains sauvés seront localisés en Europe, en Amérique du Nord et dans les zones modernes de l'Asie, non il y aura bien d'innombrables morts y compris dans les pays civilisés, découlant d'un chaos généralisé qui me semble inévitable, malgré les moyens civils et militaires qui seront déployés par les gouvernements pour se protéger. Un évènement tel que celui décrit et résumé ici mériterait que nous cessions tous de nous attacher à nos occupations inutiles habituelles et quotidiennes, pour se consacrer ensemble à une modification immédiate de nos comportements et de nos activités, mais personne ne fait rien, néanmoins de plus en plus de gens pressentent que ce qu'ils lisent ici pourrait bien ne plus être de la science fiction. J'espère me tromper, avoir tort d'être pessimiste ou trop réaliste, sans quoi nous pourrions bien prochainement connaître les heures les plus sombres de l'histoire Humaine. source : Observabilis - Olivier RIMMEL , 18/10/2005